Peu de personnes ont dejà entendu parler d’haptonomie, étymologiquement "loi du tact" mais plus communément "science du toucher", principalement d’application en préparation péri-natale et pour l’accompagnement des débuts de la vie. Quand c’est le cas, il n’est pas rare, surtout du côté des praticien/nes ayant une formation médicale, que cette technique et ce savoir soient décriés, rangés du côté du charlatanisme et du placebo, folklorisé comme une stribe de bobos new-age prônant un retour inapproprié à la nature, à la limite de l’irresponsabilité !

L’haptonomie est pourtant d’une toute autre essence et porte des fruits inimaginables à qui ne l’a pas vécu par l’expérience. Ce sont des portes qui ouvrent sur l’extrême opposé de ce qu’on pourrait appeler "magie noire" : La bienfaisance dans toute sa splendeur !

C’est Frans Veldman, un chercheur néerlandais en science humaine qui a développé cette technique dans le début des ’80s en se basant sur diverses pratiques ancestrales, védiques et chamaniques de par le monde. Son travail a ouvert sur une approche complète pour la naissance mais aussi comme psychothérapie à tous âges et comme accompagnement en soins palliatifs. Le principe reste, peu importe le cas, centré sur le contact, le toucher et les énergies qui s’y trouvent canalisées.

J’ai personnellement eu l’occasion d’être père par deux fois. Mon premier fils est né selon la méthode dite "classique", encadré par une sage femme, des infirmières et un gynécologue en maternité. Pour le second, trois ans plus tard, nous avions suivis la formation haptonomique et étions cette fois, en plus du même gyné et d’une sage-femme, en présence de notre haptonome sous l’œil suspicieux et réprobateur du personnel hospitalier.

La où la première naissance avait dut recourir à une anesthésie péridurale et une extraction du petit à "l’aspirateur", la préparation haptonomique nous a amenés à refuser l’anesthésie et en fin de travail, la tête de bébé a spontanément jailli de sa porte spatio-temporelle sans aucune intervention mécanique extérieure.

Pour décrire sans trop entrer dans les détails cette pratique et ce qui la distingue de la manière conventionnelle, il faut commencer par aborder le contexte global de la mise au monde. L’haptonomie se veut un mode d’accueil, un état d’esprit sécurisant lié à la rencontre future dans le monde réel d’un petit être encore confiné dans le giron maternel mais déjà "pré-conscient", avec des ressentis, une mémoire et de potentielles possibilités d’expression. La préparation classique en maternité fait totalement abstraction de cette "conscience" qui habiterait le bébé et s’efforce de rendre l’accouchement pratique principalement pour l’obstétricien ainsi que d’éviter toute souffrance à la parturiente, "un peu de dignité tout-de-même, madame !" en encourageant la péridurale voire même la césarienne.

Il n’y est pas pris en compte que le "travail" certes douloureux lié au flux des contractions est une collaboration étroite entre la mère et son petit pour lui indiquer depuis l’intérieur la direction à suivre pour s’extraire de là quand le moment est venu.

On considère donc en haptonomie que l’anesthésie péridurale signe l’abandon soudaine du petit qui, accompagné depuis neuf mois, se retrouve seul au moment le plus crucial et difficile qu’il ait jamais vécu. Sans que ce soit dogmatique, cette anesthésie n’entre en jeu qu’en cas de "complication" mais aucunement d’à-priori quand tout s’annonce bien.

La prise de contact avec "bébé" se fait vers les 3 à 4 mois de grossesse. Le but est de lui communiquer qu’on est là, avec lui mais à l’extérieur, de l’autre côté et qu’on va se rejoindre, se retrouver bientôt mais de "notre côté". Une première étape, ludique peut sembler un peu folklorique : les deux mains posées sur le ventre, le père appelle d’un "toc toc" le petit. Ensuite, par la seule force de la pensée, une main va "attirer" tandis que l’autre reste neutre. on sent après quelques instant la petite créature venir se lover au creux de la main qui attire. Ensuite on inverse, uniquement par sa pensée, les attributs de ses mains et celle qui attirait passe en mode "neutre" tandis que l’autre "attire" à son tour. En quelques instants, on sent au creux de son autre main que le petit a bien suivi. Commence une petite partie de ping-pong, laquelle s’affine au fil des mois pour être en fin de grossesse en parfaite synchronicité : un dixième de seconde suffit à bébé pour répondre lorsqu’on change de main. Au fil du temps, il est clair qu’on pourra induire bébé dans la bonne direction quand le moment sera venu, que si la position s’annonce compliquée, il sera possible de retourner bébé pour qu’il présente sa tête et non sa croupe, de le faire descendre s’il se tient en hauteur comme pour repousser cette étape compliquée qu’est sa naissance imminente...

L’haptonomie regorge ensuite d’astuces et trucs divers pour rendre le quotidien de la mère plus vivable et aisé, comme le redressement du bassin lorsqu’en fin de grossesse il lui est difficile de s’allonger sur le dos sans que ses organes ne soient écrasés par les quelques kilos du petit. Une manipulation simple à opérer à deux permet de libérer un emplacement idéal qui dégonfle de moitié le ventre et libère de tout malaise.

De même pour circuler en marchant, quand le ventre devient disproportionné, une autre manipulation permet de reloger le petit dans le bassin et non plus à l’avant du ventre. Là aussi, à deux, on peut en quelques secondes rendre tout déplacement beaucoup plus aisé.

le père est donc non seulement mis à contribution mais il devient partie prenante. En fait il fini "indispensable", quoique remplaçable puisque l’amant ou même une copine peut endosser ce rôle en s’y tenant. On se retrouve en salle d’accouchement non plus avec cette impression de traîner dans les pattes des professionnels, mais bien actif avec toujours une fonction utile, l’opportunité de proposer des choses. L’haptonomie investi d’office le père d’une responsabilité dans l’accouchement à venir et ouvre sur une forme de respect et de partage des tâches dans le futur.

Des expériences sur la canalisation de la douleur se montrent des plus impressionnantes, à la frontière de la magie et s’avèrent bien utiles en refusant la péridurale. Ces choses sont expérimentées vers le 6ème mois et relèvent d’un grand mystère sur la perception puisque je devais pincer de toute mes forces la cuisse de ma compagne sans qu’elle ne bronche, concentrée à se prolonger dans le sol via le bras de l’haptonome, alors que juste avant, elle "hurlait" sous un pincement d’une fermeté très moyenne. J’ai donc dus arrêter avant qu’elle ne signale sentir un malaise, pour éviter d’éclater trop de vaisseaux sanguins et que la douleur se concentre au moment de son "retour", elle n’a pratiquement rien senti après, malgré des marques mauves !

La respiration en "petit-chien", les "bloquez... poussez !" sont proscrits, ce sont des traumatismes qu’on ne désire pas infliger au bébé. Le travail se fait de concert dans le respect et l’écoute maximale. Le souffle doit donc être détendu, la voix basse et grave, tout doit induire vers l’ouverture, le relâchement et amener vers "la sortie". La séance d’info/initiation à la maternité nous est apparue comme une farce grossière où tout le contraire du bon-sens était enseigné avec froide certitude et condescendance.

Juste avant d’accoucher, un petit rituel d’adieu, un recueillement entre cette "face" de sa maman et le/la petit/e, "se serrer dans ses bras intérieurs" (comme le décrivait notre haptonome) ... pour se retrouver "de l’autre côte". Frans Veldman circulait de maternité en maternité pour faire descendre de cette façon des "fœtus" cramponnés à leur mère alors que les eaux étaient déjà évacuées et autres cas de rétention. Un reportage des ’80s le suit rêglant de la manière la plus douce, des cas dans l’imminence de recours chirurgicaux face à un corps médical médusé qui préfère toujours y voir la marque du hasard plutôt que l’avènement d’une "science exacte".

Un/e haptonome pense inévitablement à suggérer moins de lumière agressive lors de la venue au monde, ce qui est l’objet de la risée du gyné, etc... Puis s’annonce "la présentation au monde" car, eh oui, un rituel s’opère indéfectiblement en haptonomie : on pose bébé en équilibre, son fessier ou "siège" sur la paume de main du père, le bras tendu de l’avant : On le salue de son nom (ou comme on veut si on a pas encore choisi) et on lui dit : "Voici le monde !". (De quoi le faire flipper à la vue d’une table d’obstétrique dans un espace clos à l’éclairage artificiel !)
Le monde est heureusement plus vaste que la salle d’accouchement et symboliquement cette petite mise-en-scène reste d’une justesse incontournable et réellement porteuse émotionnellement !

Jusqu’au "port" du bébé, l’haptonomie regorge de trouvailles ingénieuses et bénéfiques à-priori insoupçonnables. Ces prises-en-main du bébé lui assurent une grande autonomie de la tête sans pour autant qu’il risque de se "tordre le cou" et donc, qu’il faille une attention toute particulière pour le laisser allonger sans lui laisser supporter le poids de son crâne.
Quelques jours suffisent après la naissance pour que le poids de sa tête devienne pour le petit un sujet expérimentation, de maîtrise. Globalement, l’autonomie, l’équilibre et la connaissance de son centre de gravité sont réellement optimisés !

L’haptonomie s’est pourtant rependue et démocratisée depuis son avènement mais pas au point d’en entendre inévitablement parler lorsqu’il s’impose de se préparer à une naissance. La méthode classique, clinique, qui me semble dès-lors brutale voire barbare, reste dominante.
Il était déjà possible pour nous en 1997 de trouver une praticienne via un planning familial et de bénéficier d’une préparation aboutie sans engager de frais imposants (séances hebdomadaires à +/- 8€) comparativement aux tarifs en consultations privées comme "indépendante" qui avoisinaient plutôt les 30 à 40€. L’haptonomie s’est aujourd’hui pratiquement généralisée en planning familial, néanmoins, les futurs parents qui n’abordent pas le sujet n’en sont pas spécialement informés.
En effet, vu son caractère doux et non-interventionniste, l’haptonomie ne fait pas "tourner la machine" comme un bon vieil accouchement "dans les règles de l’art", avec péridurale, un "bip bip" en monitoring ou carrément anesthésie/réanimation/équipe chirurgicale/couture/etc. et la note qui va avec (Je ne veux bien-sûr pas remettre en cause les cas où une césarienne est incontournable suite à des complications, mais bien les cas où des mois à l’avance la date d’opération est déjà fixée).

Il est bien-sûr optimal d’accoucher à la maison si tout semble se présenter "normalement". L’haptonomie tend à considérer que la situation "normale" est que "tout se passe bien", au contraire de allopathie et du système hospitalier qui considèrent "normale" la protection contre tous les problèmes potentiels qui pourraient survenir. "Accoucher à la maison" signifie avoir réservé un point de retombée en hôpital, avoir préparé sa valise et un véhicule, au cas où quoi que ce soit semble se poser en problème aux yeux de la sage-femme, de l’haptonome et des parents...

L’haptonomie n’encourage pas non-plus les séjours en maternité si rien ne force à se considérer dans un état morbide. Une sage femme qui passe à domicile pendant quelques jours assure en quelques minutes un service que les maternités louent une fortune sous forme de chambres, de repas médiocres et d’examens souvent dispensables. Il suffit de dire "non merci !" et de rentrer chez soi dès le lendemain de l’accouchement comme on l’a fait avec cette seconde naissance haptonomique alors que cinq jours d’hosto nous avaient semblés normaux et incontournables après l’accouchement dit "classique".

Parfois, avec ma compagne, lors de notre formation à l’haptonomie, nous pouvions sentir une certaine "distance" avec notre haptonome en matière de "choix" tel que cette femme est vraisemblablement chrétienne et y trouvait une source d’inspiration qui finalement nous suggérait des contines ou références qui ne nous inspiraient pas forcément mais qu’on interprétait à notre sauce. Il aurait été facile de se braquer sur ces quelques symptômes somme toute très superficiels pour se la jouer, trouver ça "nul" et laisser tomber. Mais, le savoir dispensé nous étais suffisamment dévoilé pour estimer futiles les quelques divergences insignifiantes faces aux enjeux.
De même, l’imagerie qui colle à l’haptonomie reste d’un cliché de pureté qui semble vendre de la margarine ou un bonheur de happy-end hollywoodien.

Ce qu’on découvre et rencontre en haptonomie est d’une autre essence, loin du monde des images puisque encré dans le tactile. La forme plastique gagne à y être laissée de côté au profit du fond. Ainsi on accède à une simple et réelle magie qui embellit la vie, si si!

Pour clore cette présentation tout en la justifiant, je suis sidéré du manque de diffusion sur le net d’informations sur le sujet HAPTONOMIE. On ne trouve de Frans Veldman (1921-2010) que très peu de traces vidéos, d’interviews, etc. La série de trois reportages "Le bébé est une personne" que j’ai relayé ici, nous montre quelques séquences (vers les 40 min) pendant qu’il "consulte" et ce fût en 1994, grâce à ce document sur une VHS, que nous découvrions l’haptonomie et son bien fondé qui n’a cessé de se confirmer par l’expérience !


Parlez-en autour de vous et surtout, expérimentez si l’opportunité se présente !

L'HAPTONOMIE DE FRANS VELDMAN
À lire: la bible en la matière, qui aborde l’haptonomie de façon bien plus large qu’autour de la naissance en tendant vers la philosophie.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Frans_Veldman
http://www.haptonomie.org/fr/
http://www.naissanceaffective.com/
http://www.formations-haptonomie.fr/